Récompensé du Grand Prix du Jury à la dernière Mostra de Venise, « Les chiens errants » (郊游) raconte l’histoire d’un père et de ses deux enfants vivant en marge de Taipei, entre les bois et les rivières de la banlieue et les rues pluvieuses de la capitale. Le jour, le père gagne chichement sa vie en faisant l’homme sandwich pour des appartements de luxe pendant que son fils et sa fille hantent les centres commerciaux à la recherche d’échantillons gratuits de nourriture.

Bande annonce

Rétrospective à la Cinémathèque française

En parallèle de cette sortie, la Cinémathèque française en partenariat avec le Festival du film asiatique de Deauville programme une rétrospective des films de Tsai Ming-liang du 12 au 30 mars. L’ensemble de ses longs-métrages ainsi que quelques courts et téléfilms seront projetés. Une leçon de cinéma animée par Bernard Payen se tiendra le lundi 10 mars à l’occasion de la projection en avant-première du film « Les chiens errants ». Pour plus d’informations, voir le site de la Cinémathèque française.

Présence à la Berlinale

A noter que son dernier moyen métrage « Le voyage en Occident » (西游) était présenté au dernier Festival du film de Berlin dans la section Panorama. Ce dernier décline l’idée développée dans deux précédents courts-métrages du réalisateur, dont le premier « Walker » (行者) réalisé pour la ville de Hong Kong. Tsai Ming Liang reprend les marches rituelles bouddhistes vieilles de plusieurs siècles. Ainsi un moine marche à pas extrêmement lents dans les rues animées de Marseille et le marché de Noailles.

Sur le réalisateur

Tsai Ming-liang (蔡明亮) est né en 1957 en Malaisie, six ans avant l’indépendance du pays, dans un petit village, Kuching (« Le chat », en malais). C’est là qu’il passe ses vingt premières années de sa vie et qu’il commence à aller au cinéma, voir principalement des films à grand spectacle de la Shaw Brothers (auxquels il rendra hommage dans « Goodbye dragon inn » (不散), référence au « Dragon gate inn » (龍門客棧) de King Hu). Son éducation cinéphilique se poursuivra à Taipei, où il part faire ses études à l’âge de 20 ans, et découvre de nombreux classiques de l’histoire du cinéma européen et américain. Après ses études, il réalise plusieurs téléfilms avec des adolescents, acteurs non professionnels, dont émergera Lee Kan-sheng (李康生). « Les rebelles du Dieu Néon » (青少年哪吒), son premier long métrage de cinéma pose les bases esthétiques et topographiques de son cinéma. Taipei la nuit, le jour, son quartier jeune à l’aurore ou au crépuscule, des chambres, des salles de bains et des cuvettes de toilettes, des jeunes gens en scooter assez taiseux, un fils (Lee Kan-sheng) et ses parents, de la pluie et des inondations (le motif aquatique est fondamental), du sexe (on fait beaucoup l’amour dans les films de Tsai Ming-liang) et surtout cette manière particulière d’installer une temporalité, de créer une narration sans en avoir l’air, de faire en sorte que ce qu’on appelle en temps normal un temps mort devienne un temps plein, riche de sentiments aussi contradictoires que du désespoir ou de l’espérance. Une narration des sentiments et des corps (source Bernard Payen pour la Cinémathèque française).

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