Le film en plan

Lorsque Minliang et Ruijuan se retrouvent sur le mur d'enceinte de la ville de Fenyang, là où ils ont l'habitude de se retrouver secrètement. Le réalisateur met en place un dispositif avec une partie du mur en premier plan, et divise ainsi son cadre en deux. Il va pouvoir faire apparaître et disparaître Minliang et Ruijuan à l'écran en les cachant derrière le mur. Lors de leur conversation, le personnage qui parle n'est pas toujours visible à l'écran. Les deux personnages sont attirés l'un vers l'autre mais Ruijuan ne se décide pas, le réalisateur matérialise cette distance.

Dialogue entre Ruijuan et Minliang (à droite)
Dialogue entre Ruijuan et Minliang (à droite)

Le film en une séquence

Après la privatisation de la troupe de théâtre, les temps sont de plus en plus durs, et elle s'adapte à la demande. Le troupe vient demander au chef d'une gare s'ils peuvent planter leur chapiteau tout près, et se voit demander une démonstration par celui-ci. Le chef peut même choisir s'il veut quelque chose de plus “chaud” ou juste une chanson. Les deux danseuses vont alors exécuter un extrait du spectacle, tout cela finalement pour se rendre compte que la personne présente n'est en réalité pas le chef de gare. Les danseuses sont démotivées, la vie de la troupe leur semblait peut être plus simple lorsque les étaient imposés par le parti.

La troupe confrontée à la dure réalité de la nouvelle société
La troupe confrontée à la dure réalité de la nouvelle société

Le film en une idée

L'utilisation de la bande-son par Jia zhangke tout au long de l'histoire pour suggérer le changement de la société chinoise. Comment l'ouverture et le changement du pays se fait aussi par la culture, les chansons romantiques venues de Hongkong ou de Taiwan remplacent progressivement les chansons révolutionnaires. La troupe est, dès le début du film, très impactée, elle doit dorénavant chanter des chansons plus “légères”, pour finir après sa privatisation dans le pop rock. Le titre du film s'inspire d'ailleurs d'une des chansons qui s'appelle “le quai”, une chanson d'amour.

Le film en un personnage

Minliang interprété par Wang Hongwei, le Xiao Wu du précédent film de Jia Zhangke, ce jeune homme tentant de s'adapter à la nouvelle société chinoise. Un personnage central entre Chang Jun son ami qui va succomber à la nouvelle société et Ruijuan son amoureuse manquée qui va choisir de rester en ville et suivre la voie de son père. Lui qui voulait à tout prix un pantalon à pattes d'éléphant pour faire comme son ami Chang Jun au début du film va vite déchanter, son histoire avec Ruijuan ne va pas aller très loin, et suivre la troupe nouvellement privatisée ne sera pas sans difficulté, pendant ce temps-là sa famille se décompose.

Encore quelque chose…

Malgré un sujet qui pourrait paraître austère et des personnages plus victimes de leur destin que acteurs, le film ne manque pas de faire sourire par ses situations absurdes. Le réalisateur fait preuve de beaucoup d'ironie. Par exemple lorsque Chang Jun incite Zhong Pin à se faire faire une permanente. Le reste de la troupe ne manquera pas de rire de cette nouvelle trouvaille, incitant même le chef de la troupe à créer une partie flamenco dans le spectacle, trouvant que cette nouvelle coiffure lui donne un style espagnol (voir extrait). 

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