Le film en un plan
Fang Lei vient de découvrir la collection de films pornographiques de son mari. Elle se retrouve alors bien prise au dépourvu par cette découverte. Le plan qui suit est du jamais vu dans un film chinois. En fond sonore, l'un des DVDs de son mari, Fang Lei s’allonge près de la grande baie vitrée de son appartement et se laisse aller toute seule à ses désirs. Un plan qui fera date tant il est revendicatif du plaisir féminin assumé.
Le film en une séquence
La belle mère de Fang Lei, atteinte d’alzheimer ne se rappelle jamais d'elle et lui pose toujours les mêmes questions. Elle n’a pas prise de bain depuis un certain temps. Elle refuse de le faire en présence de la femme qui vient tous les jours s’occuper d’elle. Fang Lei décide de prendre un bain avec elle pour la laver, c’est alors tout naturellement que les deux femmes se retrouvent sous la douche. Dans cette scène les deux femmes partagent une énorme complicité, la belle mère s’amusant avec Fang Lei comme une petite fille, les rôles s'inversent.
Le film en une idée
Yang Lina (楊荔鈉) a commencé par réaliser des documentaires et a notamment filmé la vie quotidienne d’un temple, ce qui on peut le penser à largement influencé son travail sur ce film. La réalisatrice choisit de représenter le désir de Fang Lei à travers ses rêves et en particulier un amant / fantôme qui les hante. Un coté mystique que la réalisatrice semble apprécier. Le film a bien des égards semble précurseur tant il franchit les tabous sur la sexualité féminine de la société chinoise. Le plaisir féminin est montré et assumé, par exemple l'amie de Fang Lei veut lui offrir un sex toy quand elle prend connaissance de ses rêves érotiques. La réalisatrice saisi également avec brio la sensualité de Fang Lei grâce à des plans fugaces, flottants et toujours très rapprochés. L'ambiguïté mystique introduite dans le film est une bonne idée, même si la dernière partie de l’histoire se perd un peu dans un temple bouddhiste.
Le film en un personnage
Fang Lei, cette épouse délaissée sexuellement par son mari, se retrouve bien seule face à ses désirs qui deviennent de plus en plus présents. Seule issue pour elle combler ce manque par sa vie de famille, faire du shopping ou encore aller boire avec sa meilleure amie pour oublier. Fang Lei est magnifiquement interprétée par l’actrice Zhao Siyuan (赵思源), qui parvient à nous montrer la femme chinoise dans les carcans d’un monde encore bien patriarcal. Elle va finalement succomber à ses désirs à travers le fantasme d’une homme inconnu qui va l’accompagner lors de ses rêves torrides. Son mari jugera qu’elle n’est qu’une traînée, affaire classée (lors d'une scène bouleversante qui aurait pu figurer plus haut). Ces tabous de la société chinoise auront raison d’elle, celle-ci se pense alors habitée par un esprit et finira dans un temple bouddhiste pour faire fuir son mal(e), mais ce ne sera qu’un répit avant qu'elle ne succombe au charme d’un moine bouddhiste.
Encore quelque chose…
« Longing for the rain » est une ode au plaisir féminin, il est enthousiasmant de voir qu’un film chinois traite de ce sujet, même si on le sait les chances que le film soit vu en Chine sont quasi inexistantes. Bravo à Yang Lina et Zhao Siyuan de nous offrir ce film audacieux et original qui on le souhaite ouvrira la voix à d’autres réalisatrices chinoises, le cinéma chinois en a bien besoin.
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