Wong Kar-wai revient après six ans d’absence avec un nouveau film très ambitieux. Partant d'une biographie du légendaire maître d'arts martiaux Ip Man, connu pour avoir été le maître de Bruce Lee, le réalisateur a finalement réalisé un film sur l’histoire et les valeurs de la tradition des arts martiaux chinois.

L’histoire d’une légende

Ip man et Tony Leung
Ip man et Tony Leung

Ip Man (葉問) est né à Foshan en 1893, une ville située dans la province du Guangdong. Issu d’une famille aisée et d’éducation traditionnelle, le jeune Ip Man débuta les arts martiaux dès l'âge de neuf ans. Son maître lui enseigna le Wing Chun, un art martial destiné au combat rapproché, utilisant des techniques à mains nues et le maniement des armes.

Après des études supérieures dans une prestigieuse école de Hong Kong, Ip man entama une carrière d’officier de police à Foshan, lors de cette période prospère, il commença alors à transmettre son art à des connaissances. Sa carrière se voit alors interrompue à deux reprises, lors de la seconde guerre sino-japonaise et lorsque le parti communiste chinois arrive au pouvoir en 1949.

A cette période Ip Man s'exile définitivement à Hong Kong en raison de son appartenance au Guomindang. Il laisse alors sa famille et ses possessions à Foshan. Pour survivre, pour aider sa famille et pour subvenir à sa consommation d’opium, il commence l’enseignement du Wing Chun et ouvre sa première école en 1950, accessible à tous, une vraie rupture dans la tradition des arts martiaux chinois.

Un projet né sur un tournage

Wong Kar-wai explique qu’il a eu l’idée de ce film en voyant en couverture d'un magazine l'acteur Bruce Lee, alors qu’il était en plein tournage de « Happy together » (春光乍洩) en Argentine. Impressionné par la grande popularité de Bruce Lee, il envisagea de faire un film sur l'acteur mais va par la suite s'intéresser de plus en plus à son maître, Ip Man. On sait maintenant que le projet ne s'arrêta pas à la seule figure du grand maître.

Tony Leung et Zhang Ziyi en bas à droite
Tony Leung et Zhang Ziyi en bas à droite

Six années de préparation furent nécessaires au réalisateur pour le film et presque trois autres pour le tournage, comme toujours Wong Kar-wai pris son temps et peaufina son film jusqu’au dernier moment.

Il choisi son fidèle acteur Tony Leung pour incarner Ip Man et Zhang Ziyi pour le role de Gong Er, ceux-ci furent soumis à des entraînements difficiles sur une très longue durée afin d’avoir la condition physique et la technique nécessaires aux scènes de combat. Apparemment les deux acteurs ne sont pas prêts de réitérer l’expérience tant cela leur a sembler éprouvant. 

Il fit également appel au célèbre chorégraphe d’arts martiaux Yuen Wo Ping, connu pour avoir chorégraphié les scènes du film « Matrix » ainsi que différents maîtres d’arts martiaux, chacun ayant son propre style de Kung Fu, pour chorégraphier ses scènes de combats. Le soucis du réalisme semble avoir dominé.

Wong Kar-wai, maître de l'esthétisme

Dans la plupart de ses films, Wong Kar-wai nous a habitué à nous en mettre plein les yeux et notamment grâce à sa collaboration avec l'incroyable directeur de la photographie Christopher Doyle. Cette fois-ci la photographie a été confiée à un français. Philippe Le Sourd fit ses premiers pas dans le cinéma grâce à Darius Khondji (directeur de la photographie de « My blueberry nights » ou du plus récent « Amour »), puis travailla notamment avec les réalisateurs Ridley Scott et Cédric Klapisch. Ce changement se ressent par des angles de prise de vue plus académiques et une palette de couleurs moins vive, des choix qui peuvent s'expliquer par le sujet même du film. La photographie du film reste tout de même somptueuse.

Réalisme des scènes de combats
Réalisme des scènes de combats

On aurait pu supposé que Wong Kar-wai s'appuie sur son expérience sur « Les cendres du temps » (东邪西毒) pour préparer ces scènes de combats. A l’époque le réalisateur avait utilisé une technique assez inédite permettant de rendre ces scènes de façon très picturale en utilisant des images accélérées.

Dans « The grandmaster » ce rendu est abandonné et les scènes de combat sont montrées de façon très réaliste (la gravité est respectée aime-t-il a précisé). Le réalisateur a aussi pris un soin tout particulier à rendre les différentes variantes de Kung fu à l’écran, tout semble dans les détails. Détails dans les mouvements mais aussi extrême minutie des décors, afin de recréer l’atmosphère de l’époque. Le film commence dans les années 30 en Chine pour se finir dans les années 50 à Hong Kong.

Exemple de décor du film aux nombreux détails
Exemple de décor du film aux nombreux détails

A noter également que le travail documentaire de Wong Kar-wai pour la préparation du film semble avoir largement influencé son travail de mise en scène, voulant rendre hommage et respecter l’histoire de ces maîtres d’arts martiaux.

Pour finir rassurons les fans de Wong Kar-wai, les thématiques fétiches du réalisateur semblent toujours bien présentes comme le regret, l'impossibilité des relations, et par conséquent la solitude des protagonistes. On peut penser que c'est ce qui a le plus intéressé le réalisateur dans le personnage d'Ip Man, car toutes ces thématiques se retrouvent dans son histoire. Cette histoire rappelle aussi évidement celle de la vie du réalisateur dont la famille s'exila à Hong Kong juste avant la révolution culturelle alors que son père ne put les rejoindre qu'à la fin de cette période troublée.

Synopsis

Chine, 1936. ip Man, maître légendaire de Wing Chun, mène une vie prospère à Foshan où il partage son temps entre sa famille et les arts-martiaux. c’est à ce moment que le Grand maître Baosen, à la tête de l’ordre des arts Martiaux chinois, cherche son successeur. Pour sa cérémonie d’adieux, il se rend à Foshan, avec sa fille Gong Er, elle-même maître du style Ba Gua et la seule à connaître la figure mortelle des 64 mains. Lors de cette cérémonie, ip Man affronte les grands maîtres du sud et fait alors la connaissance de Gong Er en qui il trouve son égal. Très vite, l’admiration laisse place au désir et dévoile une histoire d’amour impossible.

Bande annonce

Bon film à tous…


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