Ça commence par un jeune homme interviewé à travers un aquarium. On apprend que celui-ci se prostitue à Pékin. Il raconte assez directement ce que ses clients lui demandent. Même si les poissons flottant au dessus de son visage apaisent l’atmosphère, les paroles sont crues. Les clients le forcent à faire des choses qu’il n’aime pas faire, et celui-ci finit parfois en larmes.

« Night scene » commence fort, l'univers des hommes prostitués de Pékin se dévoile sous nos yeux.

Plusieurs autres témoignent à leur tour de leur activité, certains exercent occasionnellement ou en complément de leur travail. Certains ont des dettes et exercent pour rembourser.

Puis nous ne sommes plus dans le documentaire, c’est l’hiver la scène se déroule dans un parc, les arbres y sont emballés pour les protéger du froid. Un jeune prostitué attend le client un petit chien dans les bras au milieu des vieux pékinois faisant leurs exercices. Un jeune homme en quête de partenaire, s’approche de lui. Ils font les présentations, ils passent l’après-midi et la soirée ensemble, ils se sont juste embrassés. Bien après, lorsque le prostitué sort avec un autre client, le jeune homme est jaloux et veut frapper le client dans son magasin de poisson.

Le jeune homme toujours en quête d’un partenaire retourne au parc et tombe sur un autre jeune homme. C’est Cui Zi’en (崔子恩), le réalisateur du documentaire qui fait ici un caméo, il va se faire embrasser par le jeune homme.

Documentaire et fiction se confondent, même si les différents genres sont identifiables. La musique est lancinante et participe à l’atmosphère du film.

"Nous n’avons rien, nous sommes une génération tragique, une génération comique, une génération naïve, une génération perdue, nous sommes gays, nous sommes chaleureux. Une génération qui se touche avec la barbe."

A nouveau les témoignages s'enchaînent, et l’on rejoint une association s’occupant du problème du sida parmi les jeunes hommes prostitués. Ils sont souvent âgés de moins de 25 ans avec un faible niveau d’études, provenant principalement de la campagne, leur salaire s’ils ont un emploi ne dépassant pas les 500 yuans. L’association défends l’égalité des droits entre hétérosexuels et homosexuels et en pratique les fait dépister et leurs distribue des préservatifs, prévention avant tout.

Nous sommes dans un club, des travestis sont sur scène et font le spectacle. Dans ce club, maquillage et déguisements viennent métamorphoser les jeunes homosexuels, eux aussi témoignent de leurs conditions de vie à Pékin. Beaucoup viennent d’autres provinces et par manque d’argent sont entrés dans la prostitution. L’un d’entre eux, fourrure sur les épaules et torse nu, admet aimer ce métier, mais veut aussi à l’avenir avoir une copine et fonder une famille. De nombreuses rencontres se font dans ce club.

La scène du club, décor de plantes en plastique en arrière-plan accueille un jeune chanteur, la chemise ouverte, chantant une chanson romantique, il s’ensuivra un sketch digne du théâtre de boulevard, avec soldat et travestie en costume folklorique. La scène se remplit de nombreux hommes torse nu en costume de Tarzan ou encore tout simplement en slip, dansant sur une musique sensuelle en français. C’est la fin du spectacle, tout le monde rentre en coulisses pour se rhabiller.

Beaucoup d’entre eux craignent le sida, quand cela ne va pas ils pensent à leur rêve, se marier avec avec un garçon par exemple ou juste avoir une vie meilleure. Mais l’un d’entre eux résume plutôt bien la situation “Nous n’avons rien, nous sommes une génération tragique, une génération comique, une génération naïve, une génération perdue, nous sommes gays, nous sommes chaleureux. Une génération qui se touche avec la barbe.”

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