Le film en un plan

L’ensemble de la classe se retrouve près de l’école à brûler des branches avec leur professeur. Dans ce plan fixe l’espace occupé par le ciel bleu grisâtre est immense comparé à l’école et au groupe d’élève qui s'affaire à la tache au premier plan. Alors que seul le feu de bois dénote de par sa couleur avec l’ensemble, une fumée assez haute s’en dégage. Les silhouettes des protagonistes semblent marcher sur le bord de l’image alors qu'une conversation suit son cours sans qu'on sache vraiment où se trouve celui qui parle. Ce type de plan sera utilisé une nouvelle fois un peu plus tard dans le film, lorsque le professeur fait chanter les élèves hors de l’école, cette fois-ci avec un ciel jaune orangé.

La classe et le professeur à la tache
La classe et le professeur à la tache

 

Le film en une séquence

Dans un plan séquence, le chef d’unité accroupi sur la gauche de l’écran fume une longue pipe en bambou. Un homme vient d’arriver mais on ne peut l’apercevoir que par la présence de son ombre et de la poussière qu’il dégage à travers le pas de la porte sur la droite de l’écran. Le vieux chef d’unité rigole et lui demande si cela fait bien 7 ans qu’il est là, il lui jette une cigarette ainsi qu’une boite d'allumettes. La fumée de cigarette vient confirmer s’il le fallait la présence du jeune homme. D’un mouvement de tête le chef lui montre un papier sur un morceau de bois près de la porte, ce papier est l’affectation du jeune homme à son nouveau poste, celui de professeur du village.

le film en une idée

Lorsque la classe est finie le professeur novice se retrouve seul. Seul dans sa chambre, seul près de l’école, seul avec une vache en plein milieu de la nuit, seul dans des plans d’ensemble devant des paysages gigantesques, seul face à ses élèves qui ne lui font pas confiance, la démence le guette. Cette situation contraste énormément avec son ancien environnement où il travaillait avec ses camarades aux champs, dormait dans un dortoir et où son mérite n’était pas discuté. Dès son affectation, il reçoit une petite chambre dans laquelle il se sent bien seul et isolé. Comme si son statut de professeur le mettait face à sa nouvelle et unique responsabilité que sont ses élèves mais sans réellement en avoir les moyens, dû aux carcans de la méthode d’enseignement de l’époque.

Le jeune élève en plein devoirs
Le jeune élève en plein devoirs

Le film en un personnage

Le jeune élève doué qui veut absolument posséder le dictionnaire de son professeur, pour pouvoir apprendre tous les caractères. Ce livre semble être son seul espoir afin d'accéder au savoir. Il ira jusqu’à faire un pari avec son professeur pour tenter de le posséder, mais celui-ci échouant il va se lancer dans une copie interminable au domicile du professeur le soir en plus de ses cours. A lui seul cet élève témoigne de la façon dont les élèves de l’époque apprenaient, en simplement recopiant, mais aussi d'une envie débordante de savoir. Cet élève est sans doute celui qui provoquera le déclic chez le jeune professeur, quand à son questionnement sur la méthode d’enseignement. Pour preuve l’ultime conseil du professeur à son élève “A partir de maintenant ne recopie plus rien”.

Encore quelque chose…

Le film termine une trilogie débutée avec le premier film de Chen Kaige « Terre jaune ». Nombreuses sont les originalités, les plans ci-dessus en sont les parfaits exemples. Cadrage, montage, travail sur le son, tous ces aspects témoignent d'une prise de distance avec le cinéma chinois de l'époque. Soulignons également le travail remarquable effectué par Gu Changwei sur la photographie, dans un certain sens les images semblent en total opposition avec le premier film de Chen Kaige, dans « Terre jaune », la terre était un personnage à part entière du film ramenant les personnages à l’élément le plus important de leur existence. Dans « Le roi des enfants » le ciel semble clairement aussi important, il ne semble pas anodin que l'école se trouve en haut d'une montagne. Ici plutôt que de ramener l'existence des chinois à la terre et à l'agriculture, le ciel est montré dans tous ces états et souvent en position dominante, celui-ci tend à prendre le symbole de la connaissance et du savoir et à élever la conscience du professeur.

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