Huitième long métrage du réalisateur Chang Tso-chi, « Un été à Quchi » (暑假作業) marque aussi son premier film distribué en France. Héritier parmi d’autres de la nouvelle vague taïwanaise. Celui-ci avait notamment fait ses débuts auprès de l’une ses plus nobles figures, le réalisateur Hou Hsiao-hsien (侯孝賢).

Un été chez grand-père

L’histoire est celle de Bao, jeune collégien de Taipei, envoyé chez son grand-père à la campagne pendant les vacances d’été. Ce dernier devenu veuf récemment mène une retraite paisible, marquée par ses repas, ses promenades en barque, ses visites à une hôtesse de karaoké et sa douche du soir. Il déplore le peu de temps que son fils consacre à Bao, lui qui mène une vie effrénée à la capitale et qui est en pleine procédure de divorce avec sa femme.

S’adaptant difficilement au style de vie de son grand-père, Bao est inscrit dans l’école du village pour les classes d’été. Le professeur lui demande de raconter jour après jour ses vacances, mais quand on est habitué à la télévision, à la tablette et au portable, que peut-on bien raconter de ses vacances qui s’annoncent déjà si ennuyeuses. Il reste tout de même émerveillé par le paysage de cette campagne qu'il découvre et va rencontrer Mingchuan, un camarade aborigène(1) qui comme lui adore le basket-ball. Sa petite sœur qu’il “déteste” va finir par également le rejoindre amenée par sa mère.

Bao et son grand-père
Bao et son grand-père

Un film posé d'une grande subtilité

Malgrès le nombre important de thèmes qu'il évoque (parcours initiatique, conflit de générations, dualisme urbain / rural, etc.), « Un été à Quchi » est film très subtil et échappe brillamment aux différents stéréotypes qui auraient pu alourdir son propos. Son rythme particulier doit sûrement être un des éléments lui permettant tant de finesse. Au début les différents protagonistes vivent dans leurs univers respectifs, puis de façon très progressive ils vont lentement commencer à mieux se comprendre, mais sans forcément donner l'impression d'une réconciliation entre générations, le fossé reste bien présent.

Même si Chang Tso-chi ne nous plonge plus dans les gangs taïwanais comme il l’avait fait auparavant et que cette histoire d'enfants semble la plus légère qu'il n'ait jamais raconté, son propos se veut réaliste, parfois même pessimiste, et ne se laisse pas distraire par les magnifiques décors naturels qui lui sont offerts, seul le spectateur pourra se le permettre. Le sujet ici est bien les êtres humains et leur rapport aux autres, la façon dont ils conçoivent leur existence. A l’image d’une scène finale touchante où le grand-père et son petit-fils se retrouvent sur une barque au milieu du lac, semblant se rapprocher l'un de l'autre, mais où le grand-père finit par lui avouer que dans la vie on doit savoir s'habituer à la solitude.

Bande annonce

Le réalisateur

 

Le réalisateur Chang Tso-chi
Le réalisateur Chang Tso-chi

Chang Tso-chi (張作驥) est né en 1961 à Chiayi, Taïwan. Diplômé de cinéma de la Chinese Culture University en 1987, il commence sa carrière cinématographique en tant qu'assistant réalisateur de Yu Kanping (虞戡平).

Il devient ensuite l'assistant des réalisateurs hongkongais Yim Ho (嚴浩) et Tsui Hark (徐克), mais surtout de Hou Hsiao-hsien (侯孝賢) lors de la préparation et du tournage de « La Cité des douleurs » (悲情城市) en 1988. Il a en particulier travaillé sur l'adaptation du scénario avec l'écrivain et scénariste Wu Nien-chen (吴念真).

Il se lance ensuite dans l'écriture de son premier film, « Shooting in the dark » (暗夜槍聲), qui obtient en 1991 le Prix du meilleur scénario décerné par le Bureau d'information du gouvernement de Taïwan.

 

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1. Aborigène de Taïwan : sont les peuples les plus anciens à habiter Taïwan, dont on estime qu'ils représentent environ 510 000 personnes en 2011, c'est-à-dire 2% de la population. (wikipedia.org) 

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